vendredi 6 mars 2009

"La Promesse faite à ma Soeur"



Rassurez-vous, ce titre ne me concerne pas personnellement, je n'ai jamais rien promis à ma soeur (sauf peut-être de lui rembourser les cadeaux de noël qu'elle m'avance depuis 1997). Il s'agit plutôt du titre énigmatique d'un livre.


Car oui, ce bog sera littéraire ou il ne sera pas!


Je viens de terminer les dernières lignes de ce roman, et j'ai voulu le partager avec vous. Il est en grande partie autobiographique, puisque Joseph Ndwaniye, d'origine rwandaise, raconte le retour au pays d'un jeune Rwandais, après 17 ans d'absence. Il y effectuera certainement le voyage le plus marquant de sa vie.


Parti pour retrouver sa mère et son frère jumeau, seuls survivants, il se retrouvera surtout face à face avec une réalité qui choque. La perte des repères, les souvenirs de son enfance, les témoignages poignants de ses compagnons rescapés, le plongent dans un questionnement non seulement sur les faits, mais également sur lui-même. Au delà du conflit extérieur, ce que Joseph Ndwaniye évoque surtout, c'est le conflit intérieur d'un Rwandais expatrié, car outre les difficultés que rencontrent souvent les étrangers en Belgique (qui s'assimilent souvent à une véritable lutte pour sa survie), persiste la terrible culpabilité de ne pas avoir été présent au moment des atrocités. L'auteur l'explique très bien : « J'eus le sentiment qu'en partant en Europe j'avais pris mon passé avec moi, et qu'en revenant au pays je n'arrivais plus à le réintégrer au présent. Il y avait une rupture. »


Pour ceux qui craignent de trouver dans ce livre des descriptions horribles et insoutenables sur le génocide de 1994, je les rassure tout de suite. La promesse faite à ma soeur n'est pas un livre historique au sens classique du terme. Il s'agit d'une vie, d'un destin, d'un homme, dont le chemin croise certes celui de l'horreur, mais qui cherche surtout à comprendre pourquoi il se retrouve dans les rues de son enfance, à se demander qui parmi son entourage est encore vivant et qui ne l'est pas.


Pour vous convaincre, si ce n'est déjà fait, voici un autre extrait qui illustre magnifiquement le désespoir des habitants du Pays des Mille Collines: « Dieu passe la journée ailleurs, mais n'oublie jamais de rentrer au Rwanda. C'est ce que tous les Rwandais croyaient.(...)Pour une fois, il avait oublié de redescendre sur le pays. »



Alors, pourquoi j'aime ce livre?


Pour le sujet: rarement une atrocité pareille aura été décrite de manière si personnelle. Le lecteur le vit totalement de l'intérieur, impliqué lui aussi dans le difficile schéma de reconstruction que doivent arpenter les victimes, 15 ans après le drame. Car le sujet ne concerne pas seulement les Rwandais, il traite en fait de l'humanité toute entière. La fuite honteuse de l'ONU au moment des faits, le déni totale de l'opinion internationale : nous portons tous la responsabilité de ce drame. Mais il n'est jamais trop tard pour réagir....


Pour le défi: Joseph Ndwaniye n'était en rien prédestiné à devenir auteur. Infirmier de formation, métier qu'il exerce encore aujourd'hui, il a pourtant décidé un jour de se mettre à écrire. La pulsion créative l'a mené à travers une aventure pour laquelle il n'était en rien préparé, et pourtant bien décidé, tout comme Jean-Jacques, à aller au bout de ses rêves. Et moi, les gens passionnés, j'adore ça! La fureur d'écrire est plus forte que tout...et tant mieux pour nous, lecteurs!


Pour l'auteur: j'ai rencontré Joseph Ndwaniye par hasard, dans un TGV entre Paris et Bruxelles. Nous nous sommes retrouvés assis l'un à côté de l'autre. La conversation s'est engagée facilement, rien d'étonnant avec quelqu'un d'aussi versatile et disponible que lui. Il m'a parlé de son livre, de cette nouvelle direction que prenait sa vie. Et là, il en a sorti un exemplaire, l'a dédicacé, et me l'a offert avec un sourire d'une gentillesse désarmante. Alors oui, rien que pour ça, je pourrais faire la promotion de ce livre partout où je vais, car il est rare de nos jours de croiser des petits miracles par hasard, dans les transports en commun, où tout le monde préfère plonger son nez dans sa solitude et ignorer le reste du monde (moi comprise).



Donc, la prochaine fois que vous prendrez le train, regardez bien autour de vous, il s'y cache peut-être de belles surprises! Et n'oubliez surtout pas d'emporter ce livre avec vous!



Bon voyage!



Féline-la-révoltée


P.S.: pour tous renseignements, voici le blog de l'auteur http://jndwaniye.skynetblogs.be/

1 commentaire:

  1. Waouw, merci Féline, grâce à toi, ce blog prend de la hauteur! PPDA (et son Vol de Nuit) et Corinne Boulangier pourront bientôt aller se rhabiller! Je cherchais justement quel serait mon prochain bouquin... Même si le cruellissime génocide rawandais colle peu avec mon envie d'évasion et d'histoires de petits lapins faisant des cabrioles dans des prés de colechiques, je promets de tenter de le lire! Non sérieux, je vais le lire! Il se vend partout?

    Merci pour ce coup de tripes partagé!

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